Soyons « Dandy »

Dans Le Peintre de la vie Moderne, Baudelaire nous propose un portrait du dandy complet et nuancé. Je vous invite à relire ce bijou de réflexion que je vous propose de vulgariser aujourd’hui. Dans la première partie de son texte, l’auteur nous explique que le dandy qui n’a d’autre métier que celui de se montrer est celui qui peut s’afficher grâce à une facilité que l’oisiveté et l’argent offriraient. On ne peut s’empêcher de penser à certains influenceurs qui accordent une importance capitale à leur apparence, sont bien nés et s’enrichissent sur le même concept. Bien sûr, ce type de dandysme n’est pas celui qui nous intéresse.

Selon le poète maudit, « Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu réfléchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit. Aussi, à ses yeux, épris avant tout de distinction, la perfection de la toilette consiste-t-elle dans la simplicité absolue, qui est, en effet, la meilleure manière de se distinguer. »

Allié à la volonté de distinction dans une forme de simplicité intemporelle et classique, le dandysme serait une manière de lutter au quotidien contre la vulgarité, la trivialité : « Que ces hommes se fassent nommer raffinés, incroyables, beaux, lions ou dandys, tous sont issus d’une même origine ; tous participent du même caractère d’opposition et de révolte ; tous sont des représentants de ce qu’il y a de meilleur dans l’orgueil humain, de ce besoin, trop rare chez ceux d’aujourd’hui, de combattre et de détruire la trivialité. »

Je l’avoue, à l’heure où la mode ne me parle pas du tout ; je la trouve en ce moment très vulgaire, je ne souhaite pas y adhérer dans le seul et unique but de rester dans le coup. Non, je trouve dans la pensée baudelairienne une ligne directrice qui me parle, celle qui consiste à lutter contre la trivialité dans le style comme une manière d’incarner une vue de l’esprit, atteindre une certaine noblesse d’âme que je ne retrouve pas sur Instagram…

Le poète évoque aussi une certaine froideur qui peut paraître de la provocation aux yeux des autres, une capacité à ne pas s’émouvoir qui traduirait une véritable façon d’être autant face aux tribulations politiques qu’envers les aléas de la vie intérieure : « Le caractère de beauté du dandy consiste surtout dans l’air froid qui vient de l’inébranlable résolution de ne pas être ému ; on dirait un feu latent qui se fait deviner, qui pourrait mais qui ne veut pas rayonner. »

En ces temps troublés, tendons donc vers la subtilité, soyons dandy !

6 réponses sur « Soyons « Dandy » »

  1. Karine

    C’est marrant, si la mode style occidentale ne me plaît pas tellement ces temps non plus, j’aime les tendances asiatiques… même si malheureusement je ne peux pas tout porter, compte tenu de ma morphologie !
    Merci pour ce rappel et pour cette mention à Baudelaire que j’adore définitivement !

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    • modecoaching

      Merci Karine pour ton commentaire, oui j’ai beaucoup de mal avec la mode occidentale, j’étais sûre que le pire des années 80 et 90 ne reviendrait JAMAIS un peu en adéquation avec l’ambiance pandémie …moche moche en tous les cas je ne trouve pas que ça sublime la femme. « Peintre de la vie moderne » c’est génial

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